La neige tombait sur les cèdres est un polar américain écrit par David Guterson et publié en 1994. Il retrace l’histoire du procès d’un homme japonais qui est accusé d’avoir assassiné un pêcheur américain avec lequel il se disputait un morcellement de terrain. Le contexte de l’après Seconde Guerre Mondiale (et l’attaque japonaise sur Pearl Harbour) fait que pour les Américains, tout visage japonais représente indéniablement l’ennemi. Inutile de dire que les tensions raciales se font ressentir…
Description
On est en 1954 à San Piedro, une petite île (fictive) non loin de la côte ouest de l’Etat de Washington. Carl Heine, un pêcheur local, est retrouvé mort noyé dans son filet de pêche. Il a une blessure suspecte à l’arrière du crâne. Kabuo Miyamoto, un Japonais-Américain, est aussitôt arrêté et accusé d’homicide volontaire. S’ensuit un procès tendu qui sert de rappel douloureux des relations entre Japonais et Américains avant la guerre qui semble les avoir éloignés à jamais. Les personnages sont tiraillés entre des souvenirs d’enfance qui baignent dans le jus de fraise et des disputes qui datent de plusieurs décennies.
Ce que j’en ai pensé
J’ai mis du temps à vraiment entrer dans cette histoire. Ceci s’explique peut-être par le fait que j’ai commencé la lecture de ce roman dans le métro, donc j’étais dans un espace bondé et bruyant, ce qui était assez distrayant. N’empêche que je n’ai pas réussi à me sentir impliquée avant le 3ème ou 4ème chapitre, où les choses se compliquent et deviennent intéressantes.
Le mobile potentiel du meurtre décrit dans le roman est assez basique mais le contexte était complètement neuf pour moi. Pour être honnête, je n’ai jamais pensé aux Japonais qui vivaient aux Etats-Unis avant (et après) la Seconde Guerre Mondiale. Je n’en ai pas entendu parler à l’école ou à la fac, alors que j’ai appris énormément de choses à propos de cette guerre, et ce depuis un point de vue français et anglo-saxon.
Ce roman m’a donné envie d’en savoir plus sur ce qui était arrivé aux “ennemis étrangers”, et les informations que j’ai recueillies ne m’ont pas rassurée. Environ 120 000 Japonais Américains ont été expulsés de la côte Ouest juste après l’attaque sur Pearl Harbour en 1941. Ils ont été envoyés dans des camps de guerre malgré que le fait qu’ils vivaient aux Etats-Unis depuis bien des années. J’ai appris pas mal de choses sur les conditions dans lesquelles les Japonais ont été expulsés de leurs maisons, même si j’ai gardé en tête qu’il s’agit bien d’une œuvre de fiction et non d’un livre d’Histoire.
C’était agréable d’en apprendre davantage à propos de la pêche et l’ « étiquette » qui existe entre pêcheurs dans ce roman. C’était assez fascinant et selon moi c’était le décor parfait pour ces personnages à la fois tranquilles et sombres, habitués à passer de longues nuits tout seuls sur la mer noire et silencieuse.
La tension monte doucement mais sûrement au fur et à mesure que le roman progresse. Les enjeux se révèlent avec beaucoup de finesse et impliquent beaucoup le lecteur jusqu’à qu’il soit intimement lié aux personnages et les relations qui existent entre eux. Les souvenirs de la guerre deviennent pénibles et on commence vraiment à s’inquiéter à l’idée que l’accusé soit innocent et destiné à être pendu malgré tout.
J’ai beaucoup aimé l’écriture en elle-même qui se plonge dans les pensées de chaque personnage à son tour. S’alternent souvenirs du passé et événements du présent de la narration, et la prose s’écoule gracieusement comme un ruisseau qui se faufile entre des rochers. Ce style très fluide m’a rappelé les quelques fois où j’oublie complètement le présent immédiat au profit de mes pensées. Je sors généralement de mes réflexions intérieures seulement lorsque je me rends compte que j’ai raté mon arrêt de bus.
Malheureusement je ne peux pas vraiment vous dire ce que je n’ai pas aimé dans ce roman car cela a à voir avec des événements que je gâcherais pour vous si j’en parlais ici… Mais je vous dirai ceci : vers la fin de l’histoire, un des personnages tombe sur des informations cruciales pour le bon déroulement du procès. Le problème, c’est qu’il trouve ces informations à un endroit que les policiers auraient largement fouillé dans le cadre d’une enquête de la vie réelle, il me semble. Mais il est possible que je me trompe à cet égard, je ne peux pas le savoir.
Au final, la citation sur le quatrième de couverture en VO le dit mieux que moi : « Achetez ce livre et lisez le. Il est superbe. »
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