Je suis allée en Picardie pour la première fois début février ! Lors de ce petit tour dans la région, j’ai eu l’occasion de visiter le Familistère de Guise. Ce lieu historique original devait absolument faire l’objet d’un article !
Qu’est-ce que le Familistère de Guise ?
Il s’agit d’une initiative socialiste lancée par Jean-Baptiste André Godin au XIXème siècle à Guise, dans l’Aisne. Godin – des poêles Godin – a été inspiré par des philanthropes tels que Charles Fourier ou Robert Owen pour créer un véritable village à proximité des usines de l’entreprise. Les ouvriers étaient invités à s’installer avec leurs familles dans le Familistère et profitaient ainsi de tous les avantages du lieu.
On y découvre donc non seulement des logements assez spacieux – qui contiennent tous le buste de M. Godin, le père de cette grande famille – mais également l’école qui était gratuite et laïque dès les débuts du Familistère (bien avant la réforme de Jules Ferry, donc) ainsi qu’un théâtre, des magasins et une piscine.
Mes impressions
En allant visiter le Familistère, j’étais très curieuse de voir comment vivaient les ouvriers à l’époque. Mais en découvrant le lieu, j’ai été également très intéressée par les fondements philosophiques de cette initiative. Aux yeux de Godin, il ne s’agissait pas de philanthropie à proprement parler mais de l’amélioration de la société via l’éducation et la prise en main de la classe ouvrière.
J’ai ainsi pu redécouvrir les principes du socialisme utopique que j’avais (rapidement) étudiés en licence. Godin était persuadé qu’il fallait absolument élever les esprits des ouvriers, même si leur travail restait manuel. C’est pourquoi il a fait construire un théâtre ainsi qu’une école pour les enfants des travailleurs, alors que ce n’était pas encore très répandu à l’époque où le travail des enfants restait majoritaire.
Des notions d’assainissement et d’amélioration de soi sont présentes jusque dans l’architecture : l’accès à la lumière du jour et à l’air frais étant déjà considérés comme essentiels à un mode de vie sain, les immeubles du Familistère ont été construits de sorte à répandre la lumière et faire circuler l’air. Par exemple, les portes et fenêtres des logements avaient des tailles différentes selon les étages : au rez-de-chaussée il y avait de grandes fenêtres alors qu’au dernier étage elles étaient plus petites pour assurer que chaque famille aurait accès à la même quantité de lumière, peu importe l’étage où elle se trouvait. On retrouve donc l’idée de l’égalité absolue même dans le partage de la lumière du soleil ! Il y avait de nombreuses autres anecdotes de ce type qui ont rendu la visite très intéressante, comme les règles morales proposée aux habitants ou l’admiration que ces derniers avaient pour leur patron paternel.
Ce qui m’a le plus étonnée au Familistère de Guise, c’est le mélange assez curieux entre le musée moderne (infrastructures neuves, magasin…) et l’ancienneté des logements, de l’école et du petit théâtre qui ont certainement dû être entretenus mais qui gardaient tout l’aspect du XIXème – XXème siècle. On se retrouvait donc tantôt dans l’espace très propre, très épuré d’un musée qui expose de nombreux poêles et systèmes de chauffage, tantôt dans un logement qui contenait meubles, miroirs, radios, cages à oiseaux…
Une belle découverte que je conseille chaleureusement aux amoureux(ses) d’Histoire sociale !
Aucun commentaire