« Par la prostitution reconnue comme vice légal, on dégrade indignement la femme et l’on méconnaît l’égalité qui doit régner entre elle et l’homme. Ce mépris de la femme est dangereux pour l’ordre moral et social tout entier. »
Léo Taxil dans La prostitution contemporaine, étude d’une question sociale, 1884
Je suis allée voir l’expo « Splendeurs et misères, images de la prostitution 1850-1910 » au musée d’Orsay ! J’ai tellement aimé cette exposition que j’ai décidé d’en parler ici.
Comment aborder le sujet sensible qu’est la prostitution ? C’est la question que je me pose en commençant cet article et la question qu’ont dû poser les responsables de l’expo. Je ne sais pas ce que donnera mon article, mais en tout cas l’exposition était très réussie !
De Zola à Baudelaire, en passant par Cézanne, Manet et Balzac, de grands penseurs français ont été fascinés par le « plus vieux métier du monde ». Ils ont écrit, peint, et parlé sur cette thématique, montrant des points de vue qui ont changé au fur et à mesure du temps qui passe et de l’évolution de la société. A côté des œuvres figurent des narrations plus intéressantes les unes que les autres et des citations d’écrits qui ont l’air passionnants. J’ai même noté ma phrase préférée en début d’article car elle traduit selon moi l’aspect féministe de l’ensemble.
Sur les murs de ce musée que j’affectionne beaucoup (pour l’avoir visité avec ma classe de master), on trouve des œuvres qui ne changent pas beaucoup de ce qu’on peut y voir « habituellement », sauf qu’elles mettent en scène des filles de joie. Il ne m’a pas semblé voir plus de nus que dans une expo sur une autre thématique. Il y a quelques images qui seraient moins appropriées pour les plus jeunes, mais elles sont cachées derrière des rideaux qui affichent la mention « +18 ans ».
En revanche, j’ai été marquée par le fait de ne voir presqu’aucun visage noir dans toutes les filles dessinées (sauf une servante qui donne des fleurs à sa maîtresse, une courtisane ayant réussi à se faire acheter une maison par un de ses clients).
De même, j’ai constaté que les filles de joie étaient toutes bien en chair, avec des ventres dodus et des seins lourds débordant souvent de leurs décolletés. Cela n’aurait peut-être pas dû m’étonner, les critères de beauté ayant beaucoup changé depuis le début du XXème siècle. Mais dans cette expo, on retrouve un discours décrivant l’existence misérable de femmes souvent « respectables », amenées à se prostituer de nuit pour pouvoir mettre du pain sur la table. C’est pourquoi les formes généreuses de ces femmes de la rue m’ont un peu étonnée !
Je ne veux pas trop en dire, mais j’ai vraiment appris énormément de choses lors de la visite. Je ne savais pas grand chose concernant cette thématique alors j’étais dans de bonnes conditions pour acquérir de nouvelles connaissances ! Par exemple, les maisons closes étaient légales à une époque, la prostitution étant considérée comme un mal nécessaire pour contrebalancer les « passions » de l’homme. Les courtisanes étaient obligées (par la police !) de faire des examens médicaux réguliers pour veiller à la bonne santé des clients. J’ai appris aussi que la création des boulevards parisiens – et des cafés – a précipité une explosion de la prostitution illégale, considérée comme 8 fois plus importante que les activités légales de l’époque.
Je vais m’arrêter là avant de tout vous raconter, mais je terminerai ce billet en précisant que cette exposition m’a beaucoup étonnée. Elle ne s’est pas contentée de « montrer » des œuvres, mais de les mettre en scène, évoquant de nombreuses notions annexes au sujet principal, telles l’homosexualité dans les maisons closes, la naissance de la pornographie et les différences sociales entre les filles à vendre.
Comme toutes les expos de ce musée, l’expo « Splendeurs et misères » est gratuite pour les Européens qui ont moins de 26 ans. Alors foncez !
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