Merci Patron

Merci Patron est un film sorti en février 2016 et réalisé par François Ruffin, un des fondateurs du mouvement Nuit Debout et le rédacteur en chef du journal indépendant Fakir. Et oui ! Même si vous ne vous sentez pas forcément concernés/intéressés par les activités de la Nuit Debout, je vous encourage à lire cet article : moi j’ai donné une chance au film et il m’a agréablement surpris !

Synopsis

Je dis bien synopsis et non intrigue ! Car intrigue il n’y a pas : il s’agit d’un documentaire tourné par le journal Fakir qui s’intéresse de près à la situation d’ex-salariés renvoyés du groupe LVMH suite au rachat de ce dernier par l’entrepreneur-milliardaire Bernard Arnault. François Ruffin, le réalisateur du film et un journaliste du journal Fakir, rencontre les Klur, une famille qui risque de perdre leur maison à cause des dettes qu’ils ont accumulées depuis le renvoi des parents de l’usine où ils travaillaient pour le groupe LMVH. S’ensuit un stratagème pour faire payer ces dettes par Bernard Arnault et sauver la maison des Klur.

Je trouve que la bande annonce est très représentative du film, alors je vous laisse la découvrir :

Zoom sur le film Merci Patron

Alors là, coup de cœur absolu ! Je vous le dis tout de suite : je suis allée voir ce film avec très, très peu d’informations préalables sur le sujet traité. Une amie m’avait tout simplement dit que le film était intéressant mais quand elle m’a expliqué de quoi il parlait j’ai été un peu perdue : je ne savais pas qui était Bernard Arnault, je voyais à peu près ce que faisait le groupe LVMH mais sans savoir quelles entreprises en faisaient partie, bref, je découvrais tout un monde en allant voir ce film. Et je suis si contente de l’avoir fait !

On pourrait débattre sur le bien-fondé philosophique ou politique de ce film et de ses intentions mais je vais laisser les grands média s’en charger ! Moi, j’aimerais vous parler de mon ressenti très subjectif, et les impressions que ce film m’a laissées.

Merci Patron a un parti pris fort : LVMH est un grand méchant groupe et Bernard Arnault l’odieux capitaliste qui ne pense qu’à se remplir les poches. Je ne ferai pas de commentaire là-dessus, mais il me semble important de préciser cette prise de position très « à gauche », il faut le dire. Le film illustre avec clarté la demande de citoyenneté belge de Bernard Arnault et la suppression de quelque 8000 emplois chez LVMH. Ensuite on rencontre les Klur, ce couple dans la misère depuis leur renvoi des usines Kenzo à Poix-du-Nord.

On voit beaucoup le journaliste François Ruffin qui s’implique personnellement dans l’histoire des Klur qui sont les véritables personnages principaux de ce film. Pour moi qui ne maîtrise pas le ch’ti, j’ai parfois eu du mal à tout comprendre et je n’aurais pas craché sur des sous-titres à certains moments : ce n’est pas contre eux, là c’est mon français qui me fait défaut ! Ce couple est beau dans sa simplicité et sa naïveté : pour ma part je me sentie très inquiète pour eux dès l’exposition de leur problème. Ils sont complètement désemparés mais gardent leur fierté qui fait d’eux des personnes très sympathiques tout en étant tragiques.

On aurait pu penser que le film se reposerait uniquement sur la négativité et la critique des riches, mais pas du tout ! On voit bien évidemment l’impact du chômage sur les Klur, mais beaucoup de scènes sont drôles et bon enfant. Les scènes de négociation entre le couple et le représentant de LVMH font stresser le spectateur, mais on en rit beaucoup aussi. Il faut dire que certaines situations sont très ridicules, volontairement ou non !

J’ai vu le film il y a environ une semaine mais j’avoue que la suite des événements est déjà un peu confuse dans ma tête : je pense que les Klur étaient un peu perdus eux aussi, François Ruffin étant celui qui gérait le plan (avec leur plein accord) du début jusqu’à la fin ! On sent un côté « organique » dans ce film : les événements se déroulent parfois comme prévu, parfois non, tout n’est pas planifié ou maîtrisé. Mais on en reste bouche bée.

Je vous conseille vivement ce film si vous vous demandez ce que font/veulent/représentent les personnes impliquées dans le mouvement Nuit Debout, dont François Ruffin. Le film ne répond pas pleinement à cette question, mais il donne une idée de leur « trop-plein » qui les pousse à se rassembler dans les rues de Paris et autres villes de France. Je vous conseille également ce film quelles que soient vos croyances politiques : je suis de l’avis qu’il est bon de comprendre les événements de ce type, surtout quand on peut s’informer en regardant un film aussi ludique et bien monté !